L'identité numérique

De Wiki ECOPOL
Révision datée du 1 octobre 2011 à 04:36 par Move (discussion | contributions) (Le guichet unique)

Question : Je mets mon web profil régulièrement à jour, je sélectionne avec attention les communautés virtuelles auxquelles je participe, je vérifie les traces numériques que je laisse, je veille à ne pas diffuser d'informations privées sur le web. Qui suis-je ?

  1. Un geek passionné de tout ce qui est lié à l'informatique
  2. Un internaute maître de son identité numérique
  3. Un parano de l'informatique
  4. Un digital natif pour qui le web coule de source

La bonne réponse est la proposition n°2.

Prenez un moteur de recherche, saisissez votre prénom et votre nom (ex. Jean Dubuc) et regardez le résultat : vous y verrez une série de traces numériques d'une personne, sans doute les vôtres, mélangées à des traces d'autres personnes avec le même prénom ou nom de famille. D'autres éléments ne sont pas nécessairement disponibles via un moteur de recherche, notamment les photos que vous avez pu mettre sur un espace sécurisé ou simplement sur le disque dur de votre ordinateur personnel, ou les données qui se baladent dans les bases de données de votre pays de résidence, de vos assurances, etc. L'ensemble de ces informations sur vous, c'est votre identité numérique, au même titre que l'ensemble des informations sur une organisation ou un groupe. Mais finalement, en quoi cela peut-il nous être important ? Sommes-nous malades de l'ego au point de vouloir absolument tout contrôler de notre réputation et savoir tout ce qui est dit de nous sur le web ou ailleurs ? Non ! Les enjeux sont plus subtiles, plus profonds, et finalement plus sains. Il s'agit de choisir si l'on veut que son identité soit définie par d'autres ou par soi-même. Lorsque la première page du résultat d'un moteur de recherche est un profil avec des éléments que vous maîtrisez, vous aurez simplement permis, à ceux qui souhaitent en savoir plus sur votre identité, d'être aiguillés vers quelque chose que vous reconnaissez. Cette démarche est la même que celle que vous adoptez lorsque vous rencontrez les gens en face à face. Un profil web, c'est l'équivalent d'une page officielle, d'un choix volontaire de nous profiler plutôt que de se laisser profiler par d'autres. Fichez-vous, avec tact et conscience, plutôt que de vous laisser ficher !

Dans l'identité numérique, on distingue trois parties :

  1. l'ePortfolio, qui devrait avoir une place centrale. La majorité des internautes gèrent parfois un ePortfolio sans le formuler ainsi : ils créent une page Facebook, un compte LinkedIn ou Viadeo, publient leur CV sur un site perso, créent un blog et un espace photo. En réunissant toutes ces informations sur une personne, on voit son passé, son présent, comment le contacter, ses réseaux, ses sources d'informations, ses activités. C'est justement ça, un ePortfolio !
  2. les données privées, par exemple votre numéro de carte bancaire, vos lettres rédigées et sauvées sur votre ordinateur personnel, votre fichier d'adresse, etc.
  3. les données non-maîtrisées, qui constituent aussi votre réputation, c'est-à-dire tout ce que les autres laissent comme trace à votre sujet, et que l'on ne peut pas maîtriser (par exemple la trace de votre participation à un événement).

Se profiler

Pour devenir un « netizen » (citoyen du Net), il faut d'abord montrer à la communauté des internautes qui vous êtes. Se profiler, c'est donc réaliser des formes de fiches. Les fiches sont utiles en général si vous les produisez spontanément, sans correspondre à un cadre donné par un gouvernement ou une multinationale. Vous devez avoir l'entier contrôle sans conditions comme c'est le cas dans les médias participatifs. Personne doit pouvoir modifier ou manipuler votre profil sans connaître votre mot de passe. C'est le cas sur les communautés virtuelles (CoVi) animées par la fondation Ynternet.org, et d'autres réseaux citoyens. Vous créer un compte dans une CoVi, puis vous réaliser un édito et des articles, avec textes et images modifiables en tout temps. Il s'agit de répondre à la question : qui êtes-vous ? Vous le faites progressivement, sur des années, et à votre manière : poésie, histoires, faits, rapports, conseils…

Tout d'abord, 3 articles-clés :

  1. Hérédité : quel est votre foyer, votre origine, votre éducation, votre réseau social (amis, collègues, connaissances, etc.) ?
  2. Légende : votre raison d'être sur la planète, votre engagement volontaire, choisi librement, pour rendre la Vie autour de vous plus agréable, pour être un peu plus en harmonie avec votre environnement ?
  3. Projets (les projets rendent heureux[1]) : quels sont vos ambitions, vos passions, vos espoirs ?

Ensuite vos références essentielles :
Ce sont des documents attachés et des liens, présentez vos références essentielles, personnelles, actuelles :

  • Quel genre de musique écoutez-vous, quels livres lisez-vous, qu'avez-vous vécu de marquant ?
  • Quels sont vos pôles d'intérêts dans la vie ?
  • Quels sont vos forces et vos faiblesses ?
  • Quel est votre souvenir le plus agréable ?
  • Et votre souvenir le plus pénible ?
  • Qu'est-ce qui vous énerve le plus ?
  • Qu'est-ce qui vous enthousiasme le plus ?
  • Qu'est-ce que vous proposez aux internautes qui visiteront votre profil sur le web ?
  • Qu'est-ce qui vous représente le mieux ?

Une inspiration : recette du corps humain de Bernard Werber

Nous, humains, sommes tous très proches, nous savons au fond qui nous sommes.
Tout est inscrit dans le moindre fragment de vous. Il est même possible d'y percevoir les traces de vos ancêtres. Dire qu'il a fallu des milliers de gens qui ne meurent pas trop jeunes, qui s'apprivoisent et s'accouplent pour arriver à votre naissance.
Aujourd'hui, j'ai l'impression de vous voir en face de moi. Non, ne souriez pas, restez naturel. Regardez profondément en vous. Vous êtes beaucoup plus que vous ne le croyez.

Vous n'êtes pas seulement un nom et un prénom et une histoire sociale.

Vous êtes :

  • 71 % d'eau claire,
  • 18 % de carbone,
  • 4 % d'azote, 2 % de calcium,
  • 2 % de phosphore,
  • 1 % de potassium,
  • 0.5 % de souffre,
  • 0.5 % de sodium,
  • 0.4 % de chlore.
  • Plus une belle cuillère à soupe d'oligo-éléments divers : magnésium, zinc, manganèse, cuivre, iode, nickel, bromure, fluor ou encore silicium. Et une pincée de cobalt aluminium molybdem, maladium, plomb, étain, titane ou encore bore.


Voilà la recette de votre existence.

Tous ces matériaux proviennent de la combustion des étoiles. Et ils sont répartis ailleurs que dans votre corps. Votre eau est similaire à celle du plus anodin des océans, votre phosphore vous rend solidaire des allumettes et votre chlore est semblable à celui qui sert à désinfecter les piscines. Mais vous n'êtes pas que ça.

Vous êtes une cathédrale chimique, un jeu de construction faramineux avec des dosages, des équilibres, des mécanismes d'une complexité à peine concevable. Car vos molécules sont elles-mêmes formées d'atomes, de particules, de quarks, de vide, le tout lié par des forces électromagnétiques, gravitationnelles, électroniques d'une subtilité qui vous dépasse. D'une subtilité qui vous dépasse ? Pas sûr. Si vous avez réussi à trouver ce document, c'est que vous êtes malin et que vous connaissez déjà beaucoup de choses du monde. Qu'avez-vous fait de ce savoir ? Peut-être une révolution ? Peut-être une évolution ? Peut-être rien.

Maintenant, installez-vous un peu mieux pour lire. Tenez votre dos droit, respirez plus amplement. Décontractez votre bouche. Inspirez-vous de l'énergie universelle. Tout cela, tout ce qui vous entoure dans le temps et dans l'espace ne sert pas à rien. Vous ne servez pas à rien. Votre vie éphémère a un sens, elle ne mène pas nulle part.

Tout a un sens. Ce n'est pas un hasard si vous êtes là en train de lire.

Respirez amplement, détendez vos muscles, ne pensez plus à rien d'autre qu'à l'univers dans lequel vous n'êtes qu'une infime poussière.

Imaginez le temps en accéléré.
Pfout, vous naissez, éjecté de votre mère comme un vulgaire noyau de cerise. Tchac, tchac, vous vous empiffrez de milliers de plats multicolores transformant ainsi quelques tonnes de végétaux et d'animaux en excréments.
Pif, vous êtes mort.
Qu'avez-vous fait de votre vie ? Pas assez ?
Faites quelque chose, n'importe quoi, de tout petit même, mais bon sang, faites quelque chose de votre vie avant de mourir.
Vous n'êtes pas né pour rien.
Trouvez pourquoi vous êtes né.

Quelle est votre minuscule mission ?
Vous n'êtes pas né par hasard.

Compléments

Les limites de la réputation : calomnie et diffamation

Légalement dans les pays démocratiques, chacun peut exprimer une opinion sur une autre personne, pour autant que cette opinion ne soit pas calomnieuse ou diffamatoire. La limite est disponible dans la loi, il y a des jurisprudences, il est difficile de mettre une limite entre liberté d'expression et discrimination, en cas de doute n'hésitez pas à demander.

Exemples : « Je trouve que cette entreprise ou cette personne n'est pas correcte » est une opinion, même si elle n'est pas étayée, ce n'est pas de la diffamation. Alors que : « Cette entreprise ou cette personne fréquente un club de mafieux qui n'hésite pas à enfreindre la loi » peut être considéré comme de la diffamation ou de la calomnie s'il n'y a aucune preuve fondée sur un jugement légal. Par contre, il est possible de dire « Vito Corleone est un célèbre mafieux » (puisqu'il a été condamné plusieurs fois sur ce chef d'accusation).

ePortfolio, kesako ? La partie maîtrisée de l'identité numérique

Dès l'apparition du Web, les pionniers ont adopté le principe « tout d'abord, je me présente », devenu la page « à propos de l'auteur » sur les blogs. Dans la formation, on l'appelle maintenant ePortfolio. Ce qui compte, ce n'est pas son résultat sur le Web, comme s'il s'agissait d'une carte de visite virtuelle, mais la réflexion que l'ePortfolio amorce, la démarche qu'il inspire durant sa réalisation et sa mise à jour permanente. Cela pousse à se demander : qui suis-je ?, quels sont mes projets ?, comment les présenter, les archiver, les mettre à jour ?, quelles informations partager ?, quelles limites entre domaine public et monde privé ? C'est aussi le meilleur moyen d'évaluer le degré d'eCulture générale d'une personne, en cherchant sur le Web les traces de tout ce qu'elle a publié volontairement et involontairement, consciemment et inconsciemment.

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Web2.0 & guichet unique

Dans l'administration publique, il y a plusieurs queues. Une pour acheter des timbres, à la poste. L'autre pour refaire son passeport, à l'état civil. Une troisième pour passer demander une allocation familiale. Et si il n'y avait qu'un seul guichet ? Quelles conséquences sur la société ? Y aurait-il quelqu'un qui contrôle tout ? Nos données personnelles seraient-elles réunies et accessibles dans le même bureau, avec les risques d'abus côté noir, et les facilités pratiques côté blanc ?

C'est un peu le même type de réflexions qui ont lieu sur l'avenir du web.

Internet a plusieurs canaux de transfert d'informations d'un ordinateur à l'autre. Chaque canal a ses particularités : le Web (la toile), le courriel, IRC (pour le chat), le FTP (transférer des documents d'un ordinateur à un autre). Le Web est le canal le plus visible de l'Internet. Aujourd'hui, 98 % des internautes ne connaissent que ce canal, parce qu'il peut devenir en partie tous les autres. Ils le mélangent avec l'Internet, ensemble plus grand. Car tout converge vers le canal web. Imaginez des voitures à la James Bond avec l'option sous-marin, fusée, motocross. C'est ça le web, du multifonction incroyable mais vrai.

Sur le Web dans son jeune âge (au cours des années 90), modifier une page était compliqué. Le Web était statique et la publication réservées à un groupe d'initiés. On parle de web1, ou web 1.0. Un web vitrine, sans interaction forte, avec peu d'espace personnalisé. Un web où chaque adresse est indépendante, l'accès est différent pour chaque groupe.

Puis sont arrivés les programmes permettant de modifier les textes et les images de manière très simple, directement sur son navigateur. On parle d'applications web, de web dynamique, ou web2.0. La vitrine devient espace de partage, forum, jardin public ou privé, mais assurément place de jeu.

Cette version évoluée du web permet de se connecter fréquemment à de nombreux services sur mesure. Et pour se connecter, nous avons différent de nombreux codes d'accès personnalisés pour  :

  • webmail pour lire son courriel,
  • site de banque en ligne pour gérer ses comptes,
  • agenda partagé sur le web
  • banque d'image en ligne
  • chacun des réseaux sociaux auxquels on est membre.

Pour obtenir chaque code, il a fallu donner les mêmes informations, encore et encore. Prénom, nom, adresse postale, adresse de courriel, date de naissance, centres d'intérêts parfois... Du boulot répétitif.

Progressivement, des projets de guichets uniques ont émergés. systèmes plus évolués et un tableau de bord qui nous facilitera la vie électronique en centralisant :

  • les messages et notifications, tout en les classant de manière pertinente, le plus automatiquement possible ;
  • nos documents en ligne, tout en permettant de les partager, de les sécuriser, de pouvoir retrouver une ancienne version ;
  • les contacts et leurs coordonnées, afin de ne pas devoir rechercher ses contacts sur chaque plate-forme sociale lors de notre inscription ;
  • nos données personnelles, car aujourd'hui elles sont éparpillées sur plusieurs sites (parfois des dizaines voire centaines pour les internautes les plus actifs) et les tenir à jour est humainement impossible. Là où la technique nous met des barrières, elle doit aussi nous donner des solutions aux problèmes qu'elle soulève !
  • notre agenda, qui sera automatiquement synchronisé avec nos outils mobiles (téléphones, tablettes, etc.) ;
  • nos abonnements à des sites, à des lettres périodiques, à des services ;
  • des classifications de l'information avec des entrées multiples, des systèmes de tags, des outils de recherche…

Libre ou captif/privateur, le guichet unique est un besoin pour éviter l'intermédiaire webmaster.


L'émergence de la culture du guichet unique montre la maturation d'Internet. pour une transition d'un Far West o?u chaque fournisseur de services refait pleins de services à sa sauce, pensant que c'est sa vision qui est optimale et non pas celles de X ou Y. En fait, ce qui prime, c'est de s'y retrouver avec un environnement cohérent, que l'on puisse configurer à son image afin de s'y sentir à l'aise ; normal, vu le temps qu'on y passe quotidiennement ! Le guichet unique marque progressivement un passage à un Internet plus stable. Un écosystème où l'utilisateur, le consommateur, le citoyen, sera véritablement respecté. Pour arriver à une telle ère de maturité, il faudra aussi mettre autour de la table des acteurs gigantesques mais, afin que le jeu soit loyal, les informations sur ces standards pour le guichet unique devront être publiques, afin que tout opérateur (privé, public, commercial, citoyen) puisse s'intégrer à cet écosystème.

Notes et références