Discussion:Motivation de l'initiateur d'Ecopol

--Tducret (discussion) 27 août 2013 à 16:29 (CEST)

Extrait transcriptions : "I1 : Qu’est-ce qui te motive ? I2 : C’est justement de changer ces modes de fonctionnement où l’on est quelque part chacun dans son coin à avoir toutes les charges du logement. C’est être finalement assez seul. Là c’est un échange humain, de compétence. Si on a un problème concret on peut aussi s’appuyer sur les autres, et réciproquement. Cela a un gros intérêt, justement, dans ce qui ce passe dans la société où nous sommes des égoïstes purs et durs, par obligation quelque part quand on a un travail à 100 %. On est dans notre truc et on a de la peine à en sortir. C’est une autre société entre guillemets – je mets beaucoup de guillemets là autour. C’est une autre façon de vivre les rapports humains."

"Dans sa série de livres culte des Fourmis, Bernard Werber prétend que non seulement, il existe d’autres grandes civilisations sur terre avec des bibliothèques, des choix politiques, des banlieues, des toxicomanes, des problèmes et surtout des solutions aux inégalités sociales, et même au cancer. Ce qui est sûr, c’est que les Fourmis seront encore présentes sur Terre si les humains ne l’ont pas faite exploser dans 20 millions d’années, et ceci malgré toutes les pollutions radioactives, chimiques, climatiques, nanotechnologiques, etc.

Il y a donc non seulement d’autres formes de vie intelligentes sur terre dont on se préoccupe relativement peu, mais qui en plus, ne sont pas, elles, menacées par l’extinction, le collaps, l’effondrement ou même une quelconque régression. Cela fait réfléchir sur la condition humaine sous d’autres angles, penser hors de la boîte. Cela rafraîchit les neurones, stimule à relativiser et aussi, montre à quel point le défi de la durabilité est lourd. En effet, selon Werber, la race humaine est sur Terre depuis un milion d’années, alors que les fourmis le sont depuis cent.

Il est donc assez raisonnable de dire que le projet humain, après un million d’années, s’est un peu emballé et risque de s’éteindre aussi subitement qu’il est arrivé, en réalité terrestre, faut-il le préciser, soit environ sept cent millions d’années d’expérience de vie multicellulaire de plus en plus raffinée.

Je trouve dommage que le projet humain ait autant de probabilité de s’arrêter, alors j’ai essayé de m’inspirer de Werber, mais aussi de beaucoup d’autres choses, pour écrire ce livre qui lui-même est un simple rêve d’envant auquel je suis content de rêver éveillé en tant qu’adulte en pleine forme. Werber réussit, notamment dans ses encyclopédies, à présenter subtilement des concepts et histoires inspirantes avec un esprit de synthèse exceptionnel. J’aurais voulu en faire de même avec ce livre, pour l’instant je n’y suis pas arrivé. Je présente mes sincères excuses, ce n’est pas une blague: je pense que l’essentiel y est, mais la forme pourrait être plus digeste. Ma foi, j’espère avoir pu apporter quelque chose de plus pratique, orienté “mode d’emploi”, et espère aussi que dans une prochaine version, je pourrai apporter ce “peps”, cette poésie documentaliste que l’on trouve dans des oeuvres comme le Livre de l’essentiel de Patrice Van Ersel ou La belle verte de Colin Cerro, autres références qui ont bercé la jeunesse d’Ecopol.

Je dédie ce livre à …. [à compléter par Théo]"

Copie Motivations Livre juin 2013 (ODT) : "Pourquoi lancer cette initiative Ecopol ? Enfant, j'ai toujours rêvé d'un environnement liant justice sociale, bien être, responsabilité individuelle et beaucoup beaucoup de plaisir à travers la créativité, l'amitié, la joie de vivre.

Je suis né dans la région de Lausanne en Suisse. Je pensais qu'arrivé à l'age adulte, cela me passerai, je me ferais une raison, ou que simplement je trouverai ma place. D'abord metteur en scène et photographe, j'ai réuni des gens dans la nature pour des journées de mise en scène visant à magnifier l'humain comme acteur de sa propre vie : des gens qui sautent, interagissent, dépassent leurs propres barrières mentales ou physiques, sans artifices ni Photoshop. Ce sont les photos de ce livre. J'ai commencé à découvrir le monde, l'Asie, l'Afrique, 3-4 mois par an, tout en poursuivant ce travail créatif : films, illustrations, toujours des humains interconnectés dans la nature, vivant des aventures passionnantes et inspirantes. Vers 20 ans, j'ai senti que ma mission était claire : contribuer, à ma modeste mesure, à rétablir les équilibres sur terre. Si la situation était trop stable, trop rigide, je contribuais à la flexibiliser en défiant par des propositions concrètes, des innovations sociales. Si, au contraire l'environnement social dans lequel je me trouvais s'avérait trop instable, sans repères, je me concentrais sur la contribution à un cadre, un ordre de base nécessaire pour l'équité des chances. Mon travail photo devenait répétitif. Plutot que de le poursuivre, j'ai préféré continuer à interconnecter des gens avec la nature dans d'autres domaines que la photo. J'avais un atelier, je l'ai transformé en centre socioculturel réunissant logement, exposition, concerts, artisans, appui aux porteurs de projets. Dans un 32 pièces cuisines au centre de Lausanne, de 1992 à 1995, j'ai commencé une petite expérience, à l'échelle d'une maison, qui m'a donné le sentiment que créer des Ecopol était possible. Nous étions une dizaines qui gérions un lieu ouvert à tous : de la maire de la ville aux toxicomanes du quartier, en passant par des artistes de renoms comme René Burri (qui a photographié Che Guevarra) . Nous y organisions des rencontres socioculturelles hors du communs, par exemple une exposition des classes d'écoles enfantines de la ville (4-6 ans) mélangée avec une exposition de Sebastiao Salgado le photographe brésilien qui montre le monde de manière crue et dure : travailleurs de la terre, mineurs, combats sociaux. Nous gérions un bar alternatif dans le grenier de cette batisse du 13e siècle, avec deux tours, presque un chateau. La semaine, on travaillant à temps partiel sur des projets sur place ou en travail alimentaire à l'extérieur. Le week-end, un espace de créativité c'était ouvert à tous. Dès 1994, j'ai troqué ma bonne fortune d'artiste et chatelain improvisé en une persévérance qui ne m'a plus fait défaut jusqu'à ce jour (je touche du bois). Avec cette équipe improbable, déjà intergénérationnelle et interculturelle, nous avons ainsi accueilli et rencontré, vraiment rencontré, plus de 40'000 visiteurs en 3 ans, du monde entier. Tous les vendredis soir, vernissages d'expo jusqu'au petit matin. Tous les samedis, finissage d'expos, musique, et philosophie dans un des 20 salons-bibliothèque-laboratoire-ateliers-chambre-cuisine... Des souvenirs impérissables. Des rencontrent magnifiques. Ça vaudrait un livre à lui tout seul. En 1995, nous avons salué les autorités qui nous avaient fait confiance, et tenu parole en restituant la maison magique comme promis, que nous avions transformé entre temps en musée éphémère de la créativité transdisciplinaire. Elle fut vide transformée en logement classiques. Nous avons pris notre bâton de pèlerin pour former un espèce de gouvernement improbable en exil permanent : Smala était née. Justement, la Smala est le nom donné aux groupes en mouvement d'une oasis à l'autre sous l'occupation française en Algérie au 19e siècle. Nous avons ainsi géré une quarantaine de maisons en 20 ans (1993-2013), donc déménagé 40 fois, perdant quelques plumes au passage, souvent pliant mais jamais ne cassant, comme le roseau. J'en ai assumé la co-responsabilité, dans cette idée de responsabilité individuelle au service du bien commun. Nous y avons appuyé des expériences très diverses. En équilibre entre le militantisme citoyen intuitif et l'esprit d'entreprise sociale, je pilotais toute une aventure qui est progressivement une tribu d'amis et d'experts en écologie communautaire. Dans ces maisons, certaines que nous avons animé près de 10 ans, nous avons développé divers axes d'activités, tous très complémentaires, qui nous amenait à nager à contre-courant à plus d'un titre. Au lieu d'une « unique selling proposal », d'un « coeur de métier » qui est un considéré comme un prérequis pour une gestion durable et efficace, la Smala donnait l'image de se disperser : elle gérait en même temps des squats, des programmes de recherche et d'innovation de l'union européenne, de l'appui au lancement de projets d'artisans en tous genres (le terme technique est « incubation de micro-enetrprises»), de la création de réseaux locaux de l'Economie solidaire, de l'aide au démarrage de carrières de sens pour jeunes sortants de l'université, des vacances en groupe dans des écovillages pour s'inspirer,... et toujours des œuvres d'art : festivals, expos...

Tout cela était possible car nous conservions cette idée de « pole », au sens « ruche d'activité », avec logement et ateliers, les maisons Smala sont devenues des lieux de ralliement d'esprits vivants.

Des dizaines de germes d'initiatives y ont puisé de la force, tant de gens s'y sont rencontrés et, s'étant fait la main dans la tribu naissante de la Smala, ont créé leur propre entreprise sociale durable en favorisant les rencontres, formant un peu les leaders, prêtant du matériel, aidant comme bénévole.... Nous avons par exemple arrosés les premières graines du Lausanne Undergroud Film Festival et de Nice Future avec son Festival de Terre ou encore d'un réseau de photographes en Bulgarie,...

A chaque difficulté relationnelle ou financière, je me remettais en question et demandait à un conseil à des mentors que j'avais progressivement réussi à motiver à nous orienter bénévolement ; réunis dans divers conseils scientifiques ou de soutiens, ils me cadraient, on se respectait, je les remerciais et les choyais le plus possible. Parallèlement, pour me renforcer, j'ai appris beaucoup en lisant des magazines spécialisés comme L'autre Journal, Actuel, Nouvelles Clés, la Décroissance, les revues de l'UNESCO, plus récemment Nexus, Achetez Moins ! ou encore l'Ecologiste. J'ai aussi été très inspiré par Bernard Werber. Quand à internet, je l'ai découvert et pratiqué dès 1994, lançant plusieurs projets qu'ont donné une grande confiance dans la bonté de l'humanité ; car à travers Internet je trouve que la culture du don revient sur le devant de la scène, chassant lentement mais sûrement le star system que j'avais choisi de ne pas chercher à pénétrer. J'ai aussi visité les écovillages dans le monde, imaginé et réalisé des projets d'utilité publique sur mandats de notre région (Vaud), de la confédération et de l'Union Européenne. Tout cela m'a permis de développer des amitiés merveilleuses sur les 5 continents, et j'ai pu canaliser et clarifier ce répertoire de pratiques durable, qui m'a fait débouché sur mon coeur de métier : l'écologie communautaire.

Ecologie communuataire, c'est un grand mot pour traiter de mille et une chose, mais il me semble central dans les défis actuels de société. C'est d'écologie communautaire qu'il est question dans les réseaux d'écovillages, de communautés intentionnelles, de villes en transition. C'est aussi d'écologie communautaire qu'il s'agit dans le monde incroyable des logiciels libres, auquel j'ai consacré 10 ans de ma vie et un livre : les citoyens du net. C'est encore d'écologie communautaire qu'il est question dans l'intégration des minorités, dans le maintien de la paix là où ca pète sur terre. C'est toujours d'écologie communautaire qu'il est question dans les centres de loisirs, dans les réunions de l'ONU, dans l'organisation d'une exposition pour sensibiliser sur un sujet de société. L'écologie communautaire, c'est un fil rouge commun à tous les défis de société. Cela signifie «  gestion de maisons (écologie) par des groupes de personnes qui partagent quelque chose (communauté) ».

Durant ces 20 ans, j'ai pu créer un réseau de collègues, tous collaborateurs indépendants ou parrains de nos projets qui sont devenus la force vive du projet Ecopol. Des consultants, formateurs, gestionnaires de projet, tous engagés en commun avec une forte expérience dans l'écologie au niveaux technologique, social, économique.. J'ai piloté ainsi environ 500 projets sur tous les domaines de l'écologie communautaire. Vous pouvez en voir une bonne partie sur mon site perso : de la lutte contre la cyberintimidation à la formalisation des méthodes légales de revitalisation de friches industrielles abandonnées, en passant par les plan de matériels de base pour démarrer une civilisation, les conférences d'idées inspirantes TEDx(Geneva), des appuis à la coopération inter-ONG en Afrique francophone aux formations aux médias alternatifs durant le forum social mondial. Avec eux, j'ai roulé ma bosse, merveilleusement entouré, aidant et étant aidé, parfois souffrant et parfois faisant souffrir, apprenant à pardonner et à repartir du bon pied, à réduire les problèmes et augmenter la joie de vivre.

C'est ainsi qu'a germé cette idée d'Ecopol. L'idée ne m'appartient en aucun cas. C'est juste un mix de plein de bonnes dynamiques, et c'est un hommage au meilleur de ce qui vit en chacun-e de nous.

Théo Bondolfi"