La nature des informations

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types d'informations, droit d'auteur, création, recettes, opinion, mode d'emploi, données publiques



Une personne traiterait en moyenne de 60 bits d'informations par seconde[1] à 0,1 quadrillion par seconde[2] selon les sources. Mais de quelles informations s'agit-il ? Quel type d'information traite-t-on et sous quelle forme ?

Internet n'est qu'un véhicule pour transporter des informations, voici l'occasion de revenir aux essentiels, au cœur de la société de l'information, en reprenant les idées de Richard Stallman dans sa « révolution du logiciel libre »[3].


Du plus simple au plus complexe

« Au commencement était le Verbe » selon la Bible. Verbe au sens d'information, sens, et mouvement d'information.

L'information la plus simple est la donnée : 0 ou 1, par exemple, sont des données.

Réunies et mises en contexte, des données peuvent prendre un sens, devenir information. Ce sont alors des clés pour agir.

Associées, les informations deviennent des savoirs, de la connaissance.

Interconnectés, mis en pratique, les savoirs proposent un répertoire de solutions aux problèmes et passions des gens, ce qui est justement une définition de la… culture.

Traversant les époques, les cultures, qui sont autant de répertoires de solutions, s'inspirent les unes les autres pour former des civilisations. Chaque espèce a une ou plusieurs civilisations qui évoluent soit en parallèle, soit l'une après l'autre, dans des cycles de constructions et destructions.

Prises dans leur ensemble, les civilisations se rejoignent dans la noosphère. C'est du moins une hypothèse à considérer et que la culture numérique nous amène à prendre au sérieux, vu les messages que nous pouvons retenir du fonctionnement auto-organisé d'Internet. Ce réseau des réseaux étant justement une forme d'expression de la noosphère.

Erreur lors de la création de la miniature : Fichier manquant


Les moyens de communiquer

Pour échanger des informations, les organismes vivants utilisent des ressources pour s'exprimer et pour percevoir ces messages, ils utilisent leurs cinq sens (ou plus ?) :

  • La voix (chanter, parler, crier...), sollicite l'ouïe ;
  • Le corps (danser, sauter...), sollicite principalement la vue ;
  • Les phéromones et autres émissions de messages olfactifs perçus par l'odorat ;
  • Les modifications de l'environnement (écrire, peindre/dessiner, sculpter, bâtir, détruire...), perçus par l'ensemble des sens, ouïe, odorat, vue, toucher, et goût.


Trois types de contributions à la société

Richard Stallman propose que les droits d'une création soient différents selon sa finalité, contribution fonctionnelle, écrit d'opinion ou travaux d'art ou de divertissement.

La contribution fonctionnelle comporte des publications telles que :

  • les recettes ;
  • les modes d'emploi ;
  • les documents de références (encyclopédie, statistiques, etc.) ;
  • les codes logiciels.

Pour que le plus en grand nombre en profite, elles devraient être libres.

Les œuvres d'opinion ou de témoignage telles que :

  • les mémoires ;
  • les essais ;
  • les commentaires.

Elles devraient être mis en circulation librement mais sans droit à la modification sauf autorisation de l'auteur et sans usage commercial. Le copyright est cruel, car il interdit le partage du savoir a priori, or il est essentiel de légaliser le partage du savoir.

Pour les travaux d'art et de divertissement, il y a des arguments pour les deux options privatrice ou libre :

  • D'une part modifier peut être une contribution à l'œuvre ;
  • D'autre part modifier peut réduire l'intégrité de l'intention initiale de l'auteur.

Par exemple, bien des œuvres de Shakespeare sont des copies modifiées d'œuvres existantes. Shakespeare n'a pas été puni, au contraire, il a été salué pour sa créativité, alors qu'elle était en partie le résultat d'une modification. La politique la plus éthique est probablement celle qui consiste à autoriser au minimum la copie durant une certaine période (par exemple 10 ans), puis à autoriser la copie et les modifications.

Aujourd'hui, on parle de société de l'information, mais sous couvert d'informations factuelles ou fonctionnelles, la diffusion des informations créatives sert trop souvent les intérêts des émetteurs plutôt que celui du bien commun. Par exemple, le choix d'une première page d'un journal misant sur le sensationnel aura pour but de capter l'attention pour vendre de la publicité, justifier d'une grande audience pour vendre plus cher les espaces publicitaires.


Documents : publics ou privés ?

Les différents services de l'état et les collectivités territoriales produisent et publient des documents (livres, revues, plaquettes, sites Web, etc.) sur différents thèmes : tourisme, sécurité routière, prévention des dépendances, santé, arnaques sur Internet. Ils les financent avec les impôts collectés.

Ces informations sont fonctionnelles. Pourquoi ne pas demander aux gouvernements de mettre leurs modes d'emploi de leurs documentations pédagogique sous des licences libres ? Autoriser leur copie, modification et redistribution, valoriser ces documents et les partager comme un patrimoine de l'Humanité. Le monde associatif et les institutions publiques ont encore un gros chemin à parcourir pour développer le réflexe des licences libres et du partage spontané, à l'instar de Wikipédia, afin de mieux contribuer à promouvoir le bien commun dans nos sociétés.

Comment s'engager pour éviter la privatisation de l'eau ou de l'air ? Engageons-nous pour la liberté des documents publics afin d'augmenter leur diffusion, celle des documents de prévention santé (éviter les comportements sexuels à risques, prévention SIDA, conduite en état d'ébriété, violence conjugale, tabagisme, etc.), information citoyenne (mode d'emploi pour créer sa micro-entreprise, pour organiser un petit festival, etc) ou information culturelle (festivals, monuments historiques, zones naturelles remarquables, etc.).


Les trois types d'informations

Une information est définie par son contenu, son sens. On distingue trois types d'informations, les faits, les œuvres et les fonctions[4] :

Les faits, c'est tout ce qui est manifeste, qui décrit un état, qui peut être difficilement remis en cause. Par exemple, une annonce : « Maison à vendre». Lorsque quelque chose ne peut pas être discuté, on peut dire que c'est factuel. Parfois seulement, une personne définira une information comme factuelle, les autres voudront en débattre.

Dans le factuel, on est concentré sur des faits. Ici ne se pose pas la question de ce qui est vraiment factuel et de ce qui ne l'est que potentiellement (par exemple : je vais mourir un jour, est-ce factuel ?). Le vrai, c'est une question philosophique, voire métaphysique.

Les fonctions sont produites et diffusées non pour leur dimension d'information, ayant une valeur intrinsèque, mais pour leur utilité. Ce sont les marches à suivre, les méthodes, les modes d'emploi, les informations qui servent une autre finalité.

Une information peut, bien entendu, combiner deux types ou même les trois types de contenus. « Je vends ma voiture (c'est une information factuelle) qui va sûrement faire plaisir à quelqu'un de bien parce que c'est une voiture agréable à conduire (c'est une information, créative, car c'est mon opinion, mon sentiment ; dont on peut certes débattre pendant des heures). Et pour l'acheter il faut m'appeler entre 19 h et 21 h à la maison (c'est l'information fonctionnelle, la marche à suivre pour acheter ma voiture) ».

Les œuvres englobent les créations artistiques, ainsi que les opinions, les improvisations et plus largement, tout ce qui n'est ni fonctionnel, ni factuel. Les œuvres peuvent être absolument inédites ou représenter le fruit d'une maturation, d'un assemblage, d'une adaptation d'œuvres antérieures, avec une touche d'innovation, de différence, qui est la nature même de la créativité.

« Les faits sont sacrés, mais les commentaires sont libres ». Beaumarchais


Sources et notes

  1. New Measure of Human Brain Processing Speed
  2. What is the Brain?
  3. Richard Stallman et la révolution du logiciel libre. Une biographie autorisée. Sam Williams, Richard Stallman & Christophe Masutti, Éditions Eyrolles — Framasoft, publiée sous la GNU Free Documentation Licence
  4. Jürgen Habermas, Théorie de l'agir communicationnel (deux volumes), Paris, Fayard, 1987 et Richard Stallman, Richard Stallman et la révolution du logiciel libre. Une biographie autorisée.

Sources iconographiques

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