Histoire de l'Internet : Différence entre versions
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Version du 15 septembre 2011 à 15:36
Mots clés Mai 68, partage, équité, société de consommation, cybernétique, écologie spirituelle
Sommaire
Internet : une création citoyenne, une action citoyenne
Horaire de train, achats en ligne, réservations de billets de concert… Autant de petites actions quotidiennes pratiquées sur le web : Internet semble si naturel et évident aujourd’hui pour la plupart d’entre nous, que l’on oublie presque que l'humanité a aussi vécu sans. Retour en quelques lignes sur l’histoire étonnante de cette technologie.
Les visionnaires du monde virtuel
Printemps 1968. A Paris, mais aussi à Prague, Chicago ou Mexico, des hordes d'intellectuels et d'étudiants scandent le slogan "sous les pavés, la plage" : ils manifestent en appelant aux valeurs de partage, de solidarité, d'équité des chances, et contestent la société de consommation en plein essor. En parallèle, dans ce qui allait devenir la Silicon Valley, une poignée de scientifiques travaillent sur de toutes nouvelles technologies, eux aussi guidés par les idéaux de "Mai 68". Ils sont sociologues, psychiatres, linguistes, anthropologues ou mathématiciens. A leur tête, Norbert Wiener, génie des sciences de la communication : le groupe crée une nouvelle science, nommée cybernétique.
Issu du grec kubernesis – diriger, gouverner – cybernétique signifie "modélisation de l'échange, par l'étude de l'information et des principes d'interaction" [1]. Les méthodes de travail des cyberneticiens empruntaient autant aux sciences exactes qu'à d'autres domaines de la connaissance : débats, entraide, méditation en groupe, modification de l'état de conscience étaient par exemple des méthodes souvent utilisées. Norbert Wiener voyait le monde comme un ensemble de systèmes, imbriqués les uns dans les autres : la société, un organisme, un cerveau, une machine sont considérés comme des systèmes, qu'il s'agit de contrôler au mieux. Les chercheurs de ce mouvement partageaient une expérience académique d'envergure comme chercheur, une volonté d'explorer de nouvelles approches, sans tabous ni limites. Dans la mouvance de cette fin de décennie, ils travaillaient aussi dans le but de changer les choses, de rendre le monde meilleur et de rapprocher les individus.
A cette même période, fortement influencé par les conférences et publications des cybernéticiens, l'anthropologue Gregory Bateson, réunissait d'autres chercheurs dans ce qu'il appelait le mouvement de l'écologie spirituelle. Bateson avait fondé en 1952 l'Ecole de Palo Alto, un groupe de scientifiques qui étudiaient le "paradoxe de l'abstraction dans la communication" [2], pionnière dans le développement de systèmes informatiques modernes. L'école travaillait particulièrement dans un cadre d'étude psychiatrique : ils tentaient par exemple de comprendre les logiques de communication chez les schizophrènes : ces études leur ont permis de mettre en place de nouveaux schémas de communication, une nouvelle compréhension des échanges d'informations.
Ainsi, les deux mouvements sont très organistes : ils comprennent les choses "sans vie" comme des organismes à part entière : pour eux, l'étude du cerveau et l'étude d'un système informatique est très proche et peut être étudié selon les mêmes méthodes. La programmation informatique et la programmation neuro-linguistique sont donc reliées chez ces groupes avant-gardistes.
Doug Engelbart, pilier d'un nouveau monde
Bien que peu présent dans les livres d'Histoire, Doug Engelbart fut un des plus importants scientifiques du XXème siècle. Nous lui devons l'invention de la souris, mais aussi du lien hypertexte ou encore du bureau graphique (liens internes vers le glossaire à ajouter) : autant d'outils qui ont révolutionné l'informatique, et qui font aujourd'hui partie de notre quotidien.
C'est dans le cadre du programme de recherche ARPA que Doug Engelbart fit ses plus impressionnantes inventions. Avec d'éminents chercheurs, comme Robert Taylor, ancien scientifique à la NASA, il développa le premier réseau informatique a transfert de paquets (lien internet glossaire). Ce premier réseau reliait l'institut de recherche de Stanford, et l'université de Californie à Los Angeles. Par la suite, les universités de Californie à Santa Barbara et de l'Utah seront également reliées par le réseau ARPA.
ARPA est l'ancêtre de l'Internet que nous connaissons : ses inventeurs avaient compris qu'il révolutionnerait les modes de communication, les liens sociaux et qu'il réduirait les écarts au sein de la société. En 68 déjà, dans son livre "The Computer as a Communication Device", Taylor affirmait qu'en quelques années, "les Hommes sauraient mieux communiquer à travers les machines que face à face : "In a few years, men will be able to communicate more effectively through a machine than face to face." [3]. Les idéaux de Engelbart et de Taylor, très imprégnés de culture hippie, leur faisait espérer un monde meilleur, grâce aux nouvelles technologies informatiques : "The Internet is not about technology; it's about communication. The Internet connects people who have shared interests, ideas and needs, regardless of geography."[4] (L'internet n'est pas une question de technologie ; c'est une question de communication. Internet connecte des personnes qui partagent des intérêts et des besoins, sans se soucier de géographie).
Et le réseau s'étend
C'est donc en parallèle au mouvement hippie, révolutionnaire à sa manière, que la révolution scientifique qui vit naître Internet se déroulait. A l'ombre des manifestations contre la guerre du Viet-Nam, les scientifiques de la Silicon Valley travaillaient pour la défense de certains droits menacés par la société de l'information en plein essor, et au nivellement des différences par les réseaux informatiques.
D'abord limité à quelques centres de recherches et universités, Internet s'étendra sur tout le monde académique dans les années 80, pour devenir totalement public la décennie suivante : les années 90 voient exploser les grands débats sur la liberté de l'information et Internet est alors compris comme remède à toutes les censures. (étique Hackers, voir dans wikinomics).
Sources
Wikipédia : cybernétique, Robert Taylor (computer scientist), Gregory Bateson, histoire d'internet, ARPA, ...
J.C.R. Licklider; Robert Taylor (April 1968). "The Computer as a Communication Device". Science and Technology