Les communautés intentionnelles : Différence entre versions
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Nos ancêtres vivaient dans des grottes, en petits groupes.<br> | Nos ancêtres vivaient dans des grottes, en petits groupes.<br> | ||
− | Nos aïeuls | + | Nos aïeuls se serraient eux aussi les coudes, au sein de communautés villageoises. |
<br>Avaient-ils fait le choix de vivre ensemble ou étaient-ils juste motivés par la peur d'être seuls ? <br> | <br>Avaient-ils fait le choix de vivre ensemble ou étaient-ils juste motivés par la peur d'être seuls ? <br> | ||
Avec l'accès aux moyens de transport rapides pour tous comme les trains, la voiture ou l'avion, les possibilités de changer de lieux de vie sont décuplées. D'autant plus que le marché du travail nous invite de plus en plus à cultiver cette mobilité. | Avec l'accès aux moyens de transport rapides pour tous comme les trains, la voiture ou l'avion, les possibilités de changer de lieux de vie sont décuplées. D'autant plus que le marché du travail nous invite de plus en plus à cultiver cette mobilité. | ||
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Les communautés intentionnelles existent depuis longtemps sous la forme de communautés religieuses principalement, avec les monastères et les couvents par exemple. Les âshram sont notamment présents en Inde depuis au moins 4 000 ans avant J.C... Par exemple dans les Amériques, les Amish, Quakers, Mennonites sont plusieurs millions qui vivent en communautés dans la simplicité volontaire, intentionnellement. Partout sur terre, des monastères (chrétiens, tibétain ou boudhiste), des coopératives (Kibboutz en Israël, Toutes ces communautés n'ont pas la religieux pour point commun, mais le fait de partager non seulement la cohabitation, mais aussi la coopération professionnelle. Ces participants aux communautés intentionnelles cultivent ensemble la terre, pratiquent le troc, la mutualisation des ressources. Les enfants, arrivés à l'âge adulte, peuvent choisir d'y rester ou non, l'intention est alors renforcée. La durée de vie de la communauté dépasse la mort de ses initiateurs. Comme dans toute forme de communauté, certaines situations sont déviantes et abusives. C'est souvent ces seuls abus et déviances qui sont médiatisés ou alors, on n'en parle pas. Mais c'est là pourtant une fabuleuse source d'apprentissage de la vie en société. La plupart des communautés intentionnelles sont des sources d'inspirations exceptionnelles pour les pratiques écologiques. Quand à leurs points faibles, ils résident principalement dans les faibles degrés d'innovations et d'interaction avec les autres modes de vie, devenant ainsi des ghetto repliés sur elles-mêmes. | Les communautés intentionnelles existent depuis longtemps sous la forme de communautés religieuses principalement, avec les monastères et les couvents par exemple. Les âshram sont notamment présents en Inde depuis au moins 4 000 ans avant J.C... Par exemple dans les Amériques, les Amish, Quakers, Mennonites sont plusieurs millions qui vivent en communautés dans la simplicité volontaire, intentionnellement. Partout sur terre, des monastères (chrétiens, tibétain ou boudhiste), des coopératives (Kibboutz en Israël, Toutes ces communautés n'ont pas la religieux pour point commun, mais le fait de partager non seulement la cohabitation, mais aussi la coopération professionnelle. Ces participants aux communautés intentionnelles cultivent ensemble la terre, pratiquent le troc, la mutualisation des ressources. Les enfants, arrivés à l'âge adulte, peuvent choisir d'y rester ou non, l'intention est alors renforcée. La durée de vie de la communauté dépasse la mort de ses initiateurs. Comme dans toute forme de communauté, certaines situations sont déviantes et abusives. C'est souvent ces seuls abus et déviances qui sont médiatisés ou alors, on n'en parle pas. Mais c'est là pourtant une fabuleuse source d'apprentissage de la vie en société. La plupart des communautés intentionnelles sont des sources d'inspirations exceptionnelles pour les pratiques écologiques. Quand à leurs points faibles, ils résident principalement dans les faibles degrés d'innovations et d'interaction avec les autres modes de vie, devenant ainsi des ghetto repliés sur elles-mêmes. | ||
− | Aujourd'hui, nous sommes toujours heureux de vivre en famille, en quartier, en communauté, et le degré d'intention est très variable. Combien d'entre nous pensent plus | + | Aujourd'hui, nous sommes toujours heureux de vivre en famille, en quartier, en communauté, et le degré d'intention est très variable. Combien d'entre nous pensent plus ou moins qu'ils n'ont pas le choix, qu'ils doivent "gagner leur vie" et que le choix du logement, de l'environnement social, n'est que partiellement volontaire, et en partie accepté "à défaut de mieux". Choisir sa communauté, c'est choisir d'habiter avec d'autres et de mélanger nos cultures. C'est choisir son environnement de stimulation. Mais c'est un choix qui n'est pas si fréquemment volontaire <br> |
− | Par extension, aujourd'hui, le terme "communauté" peut être utilisé pour remplacer la notion de "quartier". On dit par exemple "participer à la vie de sa communauté" en parlant des activités de son quartier. Mais l'intention de vivre ensemble reste très modeste, simplement parce que le principe dominant, c'est qu'on peut être propriétaire de son logement, puis imposer à ses voisins qu'on a vendu son logement à d'autres propriétaires, ainsi les lois du marché ont plus d'importance que le choix du voisinage. <br>Une autre utilisation du terme communauté intentionnelle pourrait se | + | Par extension, aujourd'hui, le terme "communauté" peut être utilisé pour remplacer la notion de "quartier". On dit par exemple "participer à la vie de sa communauté" en parlant des activités de son quartier. Mais l'intention de vivre ensemble reste très modeste, simplement parce que le principe dominant, c'est qu'on peut être propriétaire de son logement, puis imposer à ses voisins qu'on a vendu son logement à d'autres propriétaires, ainsi les lois du marché ont plus d'importance que le choix du voisinage. <br>Une autre utilisation du terme communauté intentionnelle pourrait se référer à l'appartenance culturelle, on parle alors de la communauté coréenne, chinoise ou française. <br>L'expression « faire du travail communautaire », se réfère au travail social réalisé dans un quartier, que ce soit pour développer des activités sportives, artistiques, ou pour aider les gens à trouver du travail et à défendre leurs droits sociaux. Ici, même si la notion de "communauté" n'est plus à proprement parler intentionnelle, elle reste tout de même importante pour un grand nombre d'humains qui ont compris les limites du tout individualisme. L'être humain est, par nature, un être social. Il a besoin de relations. <br> |
Il y a autant de communautés intentionnelles que d'intentions, notamment : | Il y a autant de communautés intentionnelles que d'intentions, notamment : |
Version du 12 novembre 2012 à 15:07
Nos ancêtres vivaient dans des grottes, en petits groupes.
Nos aïeuls se serraient eux aussi les coudes, au sein de communautés villageoises.
Avaient-ils fait le choix de vivre ensemble ou étaient-ils juste motivés par la peur d'être seuls ?
Avec l'accès aux moyens de transport rapides pour tous comme les trains, la voiture ou l'avion, les possibilités de changer de lieux de vie sont décuplées. D'autant plus que le marché du travail nous invite de plus en plus à cultiver cette mobilité.
Parallèlement à cette liberté accrue de déplacement, qui entraîne aussi l'éclatement des structures communautaires, un retour en force du mode de vie communautaire est apparu.
Ce qui n'était pas choisi autrefois, peut désormais faire l'objet d'un acte délibéré, intentionnel. Chacun est ainsi libre de se choisir un nouveau mode de vie.
La communauté intentionnelle désigne avant tout un ensemble de personnes d'origines diverses ayant choisi de vivre ensemble en un lieu donné et sous une forme organisationnelle et architecturale définie. C'est l'intention qui distingue la communauté d'une autre. Les communautés intentionnelles existent depuis longtemps sous la forme de communautés religieuses principalement, avec les monastères et les couvents par exemple. Les âshram sont notamment présents en Inde depuis au moins 4 000 ans avant J.C... Par exemple dans les Amériques, les Amish, Quakers, Mennonites sont plusieurs millions qui vivent en communautés dans la simplicité volontaire, intentionnellement. Partout sur terre, des monastères (chrétiens, tibétain ou boudhiste), des coopératives (Kibboutz en Israël, Toutes ces communautés n'ont pas la religieux pour point commun, mais le fait de partager non seulement la cohabitation, mais aussi la coopération professionnelle. Ces participants aux communautés intentionnelles cultivent ensemble la terre, pratiquent le troc, la mutualisation des ressources. Les enfants, arrivés à l'âge adulte, peuvent choisir d'y rester ou non, l'intention est alors renforcée. La durée de vie de la communauté dépasse la mort de ses initiateurs. Comme dans toute forme de communauté, certaines situations sont déviantes et abusives. C'est souvent ces seuls abus et déviances qui sont médiatisés ou alors, on n'en parle pas. Mais c'est là pourtant une fabuleuse source d'apprentissage de la vie en société. La plupart des communautés intentionnelles sont des sources d'inspirations exceptionnelles pour les pratiques écologiques. Quand à leurs points faibles, ils résident principalement dans les faibles degrés d'innovations et d'interaction avec les autres modes de vie, devenant ainsi des ghetto repliés sur elles-mêmes.
Aujourd'hui, nous sommes toujours heureux de vivre en famille, en quartier, en communauté, et le degré d'intention est très variable. Combien d'entre nous pensent plus ou moins qu'ils n'ont pas le choix, qu'ils doivent "gagner leur vie" et que le choix du logement, de l'environnement social, n'est que partiellement volontaire, et en partie accepté "à défaut de mieux". Choisir sa communauté, c'est choisir d'habiter avec d'autres et de mélanger nos cultures. C'est choisir son environnement de stimulation. Mais c'est un choix qui n'est pas si fréquemment volontaire
Par extension, aujourd'hui, le terme "communauté" peut être utilisé pour remplacer la notion de "quartier". On dit par exemple "participer à la vie de sa communauté" en parlant des activités de son quartier. Mais l'intention de vivre ensemble reste très modeste, simplement parce que le principe dominant, c'est qu'on peut être propriétaire de son logement, puis imposer à ses voisins qu'on a vendu son logement à d'autres propriétaires, ainsi les lois du marché ont plus d'importance que le choix du voisinage.
Une autre utilisation du terme communauté intentionnelle pourrait se référer à l'appartenance culturelle, on parle alors de la communauté coréenne, chinoise ou française.
L'expression « faire du travail communautaire », se réfère au travail social réalisé dans un quartier, que ce soit pour développer des activités sportives, artistiques, ou pour aider les gens à trouver du travail et à défendre leurs droits sociaux. Ici, même si la notion de "communauté" n'est plus à proprement parler intentionnelle, elle reste tout de même importante pour un grand nombre d'humains qui ont compris les limites du tout individualisme. L'être humain est, par nature, un être social. Il a besoin de relations.
Il y a autant de communautés intentionnelles que d'intentions, notamment :
- religieuses
- fondées sur des valeurs (écologiques par exemple)
- économiques (kolkhozes russes)
Le réseau des communautés intentionnelles est informel, car il est composé de nombreux projets aux idéologies assez marquées (politique, spirituelle, etc.).
A citer notamment:
- les centres anthroposophes découlant des travaux de Rudolf Steiner
- les communautés Yamagishi, initiées au Japon, présente sur presque tous les continents, y compris en Suisse et au Brésil
- les communautés de l'Arche initiées par Lanza del Vasto
- Les communautés Emmaüs initiées en France dans les années 1950
- Le mouvement socio-économique solidaire des Focolari
Dans le cas d'un pôle international d'écologie communautaire comme Ecopol, des personnes font le choix de se rassembler, de mettre des ressources en commun et d'adopter un style de vie autour d'intentions multiples. Il n'y a pas de religion commune, mais des pratiques communes. Ecopol tente en effet de concilier diverses "bonnes intentions" économiques, sociologiques, politiques (au sens vie de la cité) au sein d'une démarche cohérente reliée à une intention supérieure : le bien-être et le vivre ensemble durable.
Lors de la création d'un nouveau pôle, il est essentiel de se référer aux communautés intentionnelles du passé pour s'inspirer de leur réussite. Ainsi, on évite d'avancer en tâtonnant, à l'intuition, et au hasard; mais en s'appuyant sur ce qui existe, de manière à savoir où l'on va. Afin de ne pas réinventer la roue, les promoteurs du projet Ecopol ont visité un grand nombre de communautés intentionnelles.
ENCADRE La communauté Inca
Elle a pu compter plus de 20 millions de personnes à son apogée. Sans argent, ni propriété privée, les Incas ont constitué un empire, ce qui en fait un modèle intéressant. Cependant, à l'arrivée des Espagnols, le manque d'armes et de pratiques guerrières a réduit leurs chances de survie et beaucoup ont été tués. Pendant plusieurs centaines d'années, l'empire Inca a continué d'incarner un mode de vie communautaire doté de plusieurs langues et cultures, et de membres aux qualités différentes.
La clé du succès de cet empire est d'avoir basé la vie communautaire sur le partage des savoir-faire plus que sur la peur ou l'obligation. Pour inclure un peuple à leur empire, les Incas montraient leur supériorité par la maîtrise d'un savoir technique plus évolué et offraient de le partager. Ils régnaient grâce au partage de l'information.
Ecopol s'inspire du même schéma où tout savoir doit se partager.
ENCADRE Les Amish
Ces familles protestantes émergent en Europe à partir de la Renaissance (environ 1600). Etant persécutées, elles partent en Amérique pour y créer des communautés indépendantes. Elles y arrivent par petits groupes, s'y installent et ne bougent plus. Les Amish sont plusieurs millions en Amérique à avoir créé des communautés intentionnelles, parfois sur des régions entières et jusqu'en Argentine. Un des points négatifs est que les jeunes ont assez peu de liberté. Cependant, selon la tradition, à l'adolescence, les jeunes peuvent goûter à la vie moderne en ville. Ils sont libres d'y rester ou de rentrer pour réintégrer la communauté.
Une chose remarquable dans cette communauté est leur conscience écologique d'avant-garde. Bien qu'ils puissent être un peu extrêmes dans leurs pratiques : pas d'électricité, pas d'argent, une religion unique... Ils sont remarquables pour leur proximité avec la nature et leur capacité à s'entendre alors qu'ils sont des milliers. Un exemple frappant de la solidarité au sein de cette communauté est leur manière de construire leurs maisons. Des centaines de membres viennent de partout, les femmes préparent à manger, s'occupent de la partie intérieure, les hommes amènent du bois, et ils construisent la maison en une journée. Une maison Amish est construite en très peu de temps grâce à une forte coopération.
Dans le contexte actuel de dégradation de la qualité de vie, ils sont admirés pour leur mode de vie simple et sain. Créées en 1600, leurs communautés continuent d'exister.
ENCADRE Le phalanstère de Charles Fourier
Né le 7 avril 1772 à Besançon (Doubs) et mort le 10 octobre 1837 (à 65 ans) à Paris, Charles Fourier est un philosophe français, fondateur de l’École sociétaire, considéré par Karl Marx et Friedrich Engels comme une figure du « socialisme critico-utopique ».
Très jeune pendant la révolution française, il présente aux révolutionnaires son projet de ville différente, le Phalanstère. Les révolutionnaires ne sont pas intéressés et le mettent de côté. Il continue quand même ses recherches et diffuse sa pensée.
Dans la théorie de Charles Fourier, le phalanstère est une sorte d'hôtel coopératif pouvant accueillir 400 familles (environs 2 000 membres) au milieu d'un domaine de 400 hectares où l'on cultive avant tout des fruits et des fleurs.
Fourier décrira à loisir les couloirs chauffés, les grands réfectoires et les chambres agréables. Plusieurs disciples de la pensée fouriériste tentèrent l'expérience.
La plus célèbre date de 1846, quand Jean Godin, un industriel français, fonde le familistère de Guise. Dans ce complexe industriel destiné à produire des poëles à bois, les ouvriers et leurs familles vivent ensemble, dans des locaux aménagés pour le bien-être. Au delà du confort, un système de protection sociale basé sur la solidarité est créé. Ce n'est que dans les années 60 que les activités du familistère de Guise s'arrêteront.
Dans la pensée de Fourier, on retiendra le principe d'une production qui ne détruit pas les liens sociaux.